Le dernier film que vous avez vu ?

Je commence cet incontournable topic avec :

Vampyros Lesbos de Jesus Franco ;
Vision très personnelle et originale du thème du vampirisme par celui qui était encore à l'époque le prodige de la série B horrifique européenne. Jess Franco est aujourd'hui connu pour avoir été le coupable derrière le désastreux "L’Abîme des Morts-Vivants", le turbo-nanar "Mondo Cannibal" ou encore l'incompréhensible et hyper-étrange "Les expériences érotiques de Frankenstein". Pourtant, pas mal (ou plutôt, certains...) de ses films sont de bons films. De série B certes (pour être poli), mais de très très bons bis. Et ce film en fait définitivement partie.
Derrière une histoire assez décousue partagée entre l'héritage de Dracula envers une comtesse, des problèmes de couple et de l'occultisme cheap, on suit les aventures d'une femme d'affaires partagée entre la normalité de son couple et l'attirance extrêmement forte envers une femme vampire (interprétée par la très troublante Soledad Miranda). Bien que tout se passe en Turquie, dans un Istanbul brumeux, très joliment filmé, l'histoire est assez classique dans son déroulement et rappelleront volontiers les classiques de la Hammer ou de la Universal.
Mais pourtant, Franco ne fait jamais rien comme tout le monde, et traite son film comme une œuvre d'art cubiste, avec pas mal de plans inventifs, des effets artistiques bien cheaps mais paradoxalement très réussis. La musique est superbe à défaut d'être classique et prolonge l'état de béatitude devant un film très beau, ultra immersif, tourné avec un budget équivalent à une Fiat 500 d'occasion (je plaisante même pas). Le rythme assez lent, avec une narration pour le moins floue, mais on s'en fiche ! La sauce prends, et telle une fièvre, on est perché à une histoire érotique entre les deux femmes, d'où découle une réelle tension et une ambiance à la frontière de la sensualité et du malsain... alors que le scénario tient dans un timbre poste.
Donc on résume : scénario quasi-inexistant et téléphoné, budget rachitique, mais le travail de maestro sur la photographie, les plans, les atmosphères et l'érotisme de Soledad Miranda en font un classique du cinéma d'horreur de cette période.

Un film pour ceux qui aiment les vampires, les femmes, les ambiances leeeeeennteeeemeeeent psychédéliques et la série B européenne en général.

Je regarde les images en me disant, oula ça a l'air d'un nanar avec une image soignée...

Effectivement c'est ce qui ressort de ton commentaire, comme quoi les images ne mentent pas (toujours) ^^

Faut que je le vois

Ah mais je n'ai pas dit qu'il s'agissait d'un nanar mais d'un bon film de série B (ce qui ne veut pas dire que c'est mauvais). C'est juste que le scénario est nébuleux, qu'il y a pas de moyens, mais que le génie créatif du réalisateur en fait une œuvre vraiment à part.

Je me fais une filmographie intégrale d'un réalisateur, avec les films dans l'ordre : mon cycle Andreï Tarkovski.

J'ai adoré l'Enfance d'Ivan : un super bon film qui date du début des années 1960. Le film soviétique sur la "Grande Guerre Patriotique" qui n'en est pas vraiment un. Au lieu de glorifier bêtement le héros russe, le réalisateur livre une vision totalement noire du combattant en temps de guerre, en l’occurrence un gamin à qui l'on a massacré toute la famille. Le gamin totalement brisé, irrécupérable par sa cruauté et sa froideur. Les plans sont juste sublimes, notamment ceux qui symbolisent l'enfance, avec des réalisations techniques avant-gardistes pour l'époque : traveling latéraux, noir et blanc inversé sur certains pans des plans, musiques d'ambiances industrielles. On suit le parcours de ce gamin déshumanisé mais qui rêve encore des temps d'insouciance. C'est un chef d’œuvre.
Après, j'ai pensé que le réalisateur avait mon âge et que c'était son premier film.
C'est un véritable putain de chef d’œuvre !
J'avais un peu peur d'être trop enjoué, de me dire qu'un tel éclat si jeune, ça se rattrapait pas.

Puis j'ai regardé Andreï Roublev qui m'a scotché pendant trois heures. Scotché ? Euh, non, j'ai vécu le film. L'un des seuls à m'avoir fait le coup, c'est "Requiem Pour Un Massacre" d'Elem Klimov, qui m'avait retourné les tripes. Là, c'est encore plus fort, moins violent, moins viscéral, mais beaucoup plus profond et lyrique. Et ça enterre presque le premier film de Tarkovski, même si ça reste une énorme référence, et un film magnifique.
C'est un film à la fois compliqué et simple. On patauge dans l'histoire de la Russie médiévale avec ce qu'il faut du peuple qui a faim, de moines mystiques, de rois fous, de révolutions de palais, d'invasions tatares, de païens qui dansent nus... C'est compliqué, c'est riche, c'est foisonnant, c'est superbe, mais ce n'est que le décors pour immortaliser le moine Roublev. Roublev, c'est qui ? Il prie, il se questionne sur sa foi, il aime et pardonne les hommes et il peint des icônes. C'est tout. C'est autant une fable sur la religion (orthodoxe de surcroit) que sur l'Homme en entier. Plans superbes, acteurs géniaux, inventivité technique, poétique, lyrique, bande son exceptionnelle, on n'en décolle pas. Le film est presque indescriptible tant il est foisonnant, génial, simple mais riche émotionnellement. Une des plus belles fins que j'ai jamais vu (quand bien même elle est triste).

Vous connaissez Solaris ? Oui, Clooney, Soderberg et tout. Le grand réalisateur américain et la gueule d'ange d'Hollywood ? Remake, en très beaucoup moins bien, même si ça reste un bon film.
Solaris, c'est la réponse officieuse au 2001, odyssée de l'espace de Kubrick. Tarkovski admirait le talent du britannique, mais il avait été irrité par la vision matérialiste de 2001, d'où cette réponse, à la russe. Même rythme lent, voire assez chiant, même côté "fable" sur l'Humanité. Vaste odyssée du souvenir, du pardon, de l'Histoire et des sentiments, le film est un gouffre superbe d'humanisme. Premier film en couleur, le Tarko' en profite et nous balance plans sur plans toujours et encore plus beaux et parfois impensables (le soleil, la brume, les mers sur le soleil... brrrrr). Le film est très long, très lent. Il était 4h du matin, et je me disais "il est tard, faut que je dorme, je finirai demain". Impossible, c'est trop prenant. C'est pas le suspens ou le scénario qui fait cet effet, mais l'univers du film, unique et totalement à côté de tout standard cinématographique. Mythique encore une fois.

Trois films = trois expériences quasiment religieuses, surtout pour Andreï Roublev, et même presque autant (voire plus, mais je me comprends) pour Solaris. J'en tremble encore...

Je devrais faire face à Stalker (le meilleur, le plus grand il paraît) sous peu, mais il me manque Le miroir tourné après Solaris.
Et je refuse catégoriquement de regarder ça en format avi. ripou en 480p téléchargé sur un site. Je regarde que les dvd (très bien foutus) des éditions Potemkine. Image hyper soignée, son 5.1, boite en carton classe, des bonus hyper utiles (interviews et présentation du film par un ponte etc). Mais ça coûte une bonne vingtaine d'euros à chaque fois (bon, ça finance au moins de super bons éditeurs, que je soutiens sans regrets)



Sinon, j'ai rapidement fait un tour au cash de Barentin, qui est mieux fourni que ses voisins de la rue de la Rep et des docks :








Vu cent fois ce nanar atomique, mais j'ai pas revu ma vhs depuis un bail)


Une critique sur ce placement financier et c'est la bite dans un tupperware !!


Mon enfance !! (et plus tard dans la journée, je suis tombé sur le blue ray, pour une dizaine d'euros)


Contrairement au reste, complètement inconnu au bataillon. Mais j'ai vu que c'était italien (sang, kitch, nichons, ambiances gothiques : tout ce que j'aime dans le bis européen de cette époque)

Le tout à environ un euro pièce. Comme d'hab, leur rayon blue ray à 5€ est hyper rachitique. Enfin, le blue ray est rachitique tout court. Une qualité exceptionnelle quand on sait régler son écran et obtenir les bonnes copies, mais le choix est encore trop restreint (malgré la bonne volonté d'éditeurs indépendants).

Tu me donnes envie avec tes films ! Mais pas le temps de voir ca T_T Cela dit je veux bien que tu me les passes quand meme

Bonjour les gens!

Nous sommes aller voire Robot & Frank avec caro samedi dernier.



Voilà un bon petit film, sans trop de prétention. Un unique axe de réflexion, sur l'intelligence artificielle, sans en faire des tonnes. Un scénario et une réalisation sobre et un Frank Langella tout a fait dans le ton. Bref l'anticipation façon cinéma indépendant américain: "Whalt else?" J'ai passé une heur et demie très agréable.

Gros Gros GROS coup de cœur visionné dans la soirée



Synopsis d'allociné :

Roumanie, de nos jours. Une équipe de tournage arrive dans un village isolé pour un reportage sur des phénomènes paranormaux. A la surprise de tous, seules de vieilles femmes en deuil habitent ce village. Quelle est donc leur histoire ? Roumanie, 1953. Ana et Iancu sont sur le point de se marier. Tout le village s'atèle aux préparatifs de la noce. C'est un véritable festin qui attend tous les convives. Alors que la fête bat son plein dans le jardin de la maison, le maire du village et le commandant du régiment font irruption pour annoncer la mort de Staline ainsi qu'une semaine de deuil national prenant effet sur le champ. Toutes les festivités sont interdites. Malgré l'interdiction, les mariés et leurs invités feront preuve d'ingéniosité pour poursuivre la fête...

Le film s'est fait totalement démonter à sa sortie par les Inrocks, Libération et Positif, parfois sur des motifs idéologiques. Du coup, fallait que je le vois, ce devait sûrement être un bon film. Et effectivement, c'est un très bon film. Pourtant, les films roumains distribués en France ne sont pas ma tasse de thé : trop sobres pour moi, trop sombres, et d'une tristesse confondante. De bons films en soi, mais c'est franchement pas mon truc.

Ce film, pourtant, est une réelle surprise : Une comédie au goût doux/amer avec de véritables moments de grâce comme on peut en retrouver dans ce cinéma balkanique, par exemple chez Emir Kusturika. Bien que le contexte historique soit bien lourd, on y perçoit avant tout la comédie du destin grâce à un humour paysan très frontal mais jamais parodique au sens folklorique du terme. Un bon casting aide surtout à s'immerger dans la vie de ce village. Les répliques, vannes et dialogues bien sentis fusent, les blagues potaches généreuses, les relations entre les personnages sont magiques, et pour un peu qu'on connaisse la culture de ce pays et son histoire, c'est un véritable délice.

Pourtant, le film commençait plutôt mal lorsque l'on débute l'histoire en 2008 avec l'équipe de télévision. Une photographie sombrissime à pleurer façon film d'auteur albanais, mais très vite les couleurs arrivent en 1953, le soleil, la verdure, le bruit, l'activité, et une construction originale se met enfin en place, et là, c'est caviar. Au beau milieu de cette comédie pastorale, des petites séquences assez énormes, comme cette projection de film en pleine campagne qui tourne au désastre avec un montage et un jeu d'acteur façon Laurel & Hardy des années 20, le tout en noir et blanc. Des ralentis bien pensés, une séquence en photos rafales et une autre, onirique et poétique pendant l'arrivée du cirque avec une très belle musique, qui dénote de la musique folklorique, festive et entêtante. Tout ça qui se distille entre une séance de baise dans un grenier à blé et deux nains qui se draguent. Sublime, pas beauf, mais totalement sublime.

Le film vaut l'achat uniquement pour la séquence du repas muet de mariage en lui-même, qui ne dure qu'une vingtaine de minutes. Une séquence simple, très drôle et attachante, où le réalisateur réussit le pari d'en dire plus pendant 20 minutes de muet que durant tout le reste du film qui crie, bois et baise.

Ce film recèle également de ces moments de tristesse assez forts pour oublier que c'est une comédie, mais ça passe très bien, la narration étant bien construite et allant dans le sens d'un conte typique de cette région de l'Europe. On se croirait presque dans une nouvelle d'Istrati ou de Creanga.

Bref, j'ai passé un formidable moment, même si la fin est expédiée bien vite à mon goût et peut se ressentir comme un petit goût d'inachevé.

Intéressant, je note !

De mon côté, avant hier, c'était Borat (première vision pour moi). Fun par moment, vraiment drôle à d'autre, mais je n'ai pas accroché au "reportage"... Probablement parce que plusieurs caméra 35mm qui tournent autour d'un mec qui explique que toute son équipe l'a lâché, c'est tout sauf réaliste d'un point de vue "reportage".... Du coup, l'aspect "j'ai tout fait sans acteurs" semble plus qu'improbable, faisant chuter le niveau d'humour selon moi.

Ah marrant, j'ai pas apprécié Borat plus que ça aussi. J'ai beaucoup ri aux sketches, mais le film en lui-même pris dans sa globalité... Je l'ai trouvé au final un peu indigeste et maladroit. Je suis d'accord pour le côté pseudo-documentaire, qui était d'ailleurs dispensable au final.

Dan ,si tu veux faire tourner ce film mon mange-galette est tout pret à l'accueillir ^^